Dans nos imaginaires d’enfant – même pour ceux qui sont devenus grands – tout commence à la naissance, ou un peu avant. Ou éventuellement à la création…
Pourtant l’année dite « liturgique », c’est-à-dire qui nous donne des repères dans le temps pour célébrer les moments clés de notre foi et nous retrouver en église(s), commence avec la fin.
L’Avent, c’est la célébration de la fin… « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles.
Sur terre, les nations seront affolées et désemparées par le fracas de la mer et des flots. (…) Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. » (1er dimanche de l’Avent, Luc 21, 25.36)
Oups ! difficile, n’est-ce-pas ?
La fin ou la finalité ? Au cœur de ce qui peut ne paraître que catastrophique, célébrer la paix, la justice, l’amour qui sont en train d’advenir.
Aux Fraternités, nous avons l’habitude de nous arrêter la veille du premier dimanche de l’Avent pour y entrer vraiment.
Cette année, les enfants ont façonné de leurs mains les habitants du jardin d’Eden, se remettant ainsi au début d’une aventure longue et belle, qui n’a pas d’âge, mais qui recommence sans cesse…
Puis ensemble, nous avons renoué avec la tradition de la couronne d’Avent :
Elle est ronde comme le soleil, lui que nous voyons peu de temps en ce mois de décembre.
Nous l’entourons de sapin, de houx, etc. toute verdure qui est signe de vie alors que la nature prend sa tenue d’hiver.
Nous y plantons quatre bougies : Nous les allumerons semaine après semaine, nous souvenant que le Christ est la lumière de notre vie et du monde. De semaine en semaine, la flamme illumine un peu plus la couronne comme elle s’invite dans tout l’espace de notre cœur.
Plus tard dans l’après-midi, un parcours dans l’évangile, avec l’aide d’un passionné, nous a donné de plonger dans l’Icône de la Trinité… un chemin a priori inattendu pour faire un pas de plus dans le Royaume de Dieu, pour habiter et partager la communion d’amour en Dieu.
Au même moment, les enfants ont revu « Azur et Asmar », ode bien connue à l’amitié, dans un contexte de différences culturelles.
Nous avons poursuivi la soirée par une table ouverte… C’est toujours tellement délicieux et fraternel quand tout le monde s’y met avec ses capacités culinaires, que l’on partage des conversations profondes ou juste amicales. Quelque chose du Royaume est parmi nous !
Nous avons voulu finir la journée par un commencement … Faire silence à l’oratoire avant la nuit.
Puisque ces mots seront lus peu de temps avant la fête de Noël, j’ai envie de partager ces quelques lignes de Christian Bobin :
C’est difficile de parler de Noël. Je ne veux pas aller du côté de l’attendrissement, car ce penchant-là est aujourd’hui nourri, et même gavé. J’aimerais éviter les sucres et les papillotes en offrant une vision très simple du destin de ce nouveau-né : il va être notre victime, nous allons le massacrer. Mais son absence de ressentiment est si grande qu’elle a peut-être une chance de nous atteindre et de nous délivrer de nos manies d’avoir toujours raison, de notre volonté d’être sans cesse les premiers. Jésus, l’enfant le plus fragile de tous, est en même temps invulnérable. Car il a accepté cette fragilité, il en a fait la fleur de sa vie. Quand on écoute les paroles des Évangiles, elles sont étrangement simples et d’une profondeur abyssale. Comme si le Christ, cet homme de 33 ans, était à chaque fois en train de naître. Comme s’il se trouvait toujours dans l’émerveillement des premières fois, des premiers jours. Celui que nous cherchons à célébrer à Noël, c’est tout simplement la vie à son point de source : c’est un bébé infatigable.
Nous vous souhaitons un Noël infatigable !
Fabienne Verhoeven