La chasse aux oeufs du dimanche de Pâques est une tradition aux Fraternités. Après avoir célébré la résurrection, les enfants se précipitent vers la pelouse qui entoure le manoir pour y chercher les oeufs.
Cris joyeux et surpris, course effrénée pour être les premier-es, adultes qui aident les plus petit-es à débusquer les papiers colorés : la chasse aux oeufs est assurément un succès chaque année. Après le petit déjeuner, tout est distribué équitablement entre les familles. Tout est bien en ce jour de Pâques.
Pourtant, à y regarder de plus près, notre tradition peine avec sa surabondance d’oeufs, majoritairement industriels. Depuis 2023, le prix du chocolat a fortement augmenté. Différentes raisons président à cette augmentation : phénomènes climatiques (El Nino et l’harmattan), vieillesse des cacaoyers dans les principaux pays producteurs et leurs maladies, âge élevé des fermier-es, nouvelles réglementations européennes, et, bien entendu, la spéculation financière qu’alimente l’avidité de certain-es.
Le résultat ? Le cacao a triplé de prix. Ce serait une bonne nouvelle si les productrices et producteurs pouvaient bénéficier de cette manne, mais ce n’est pas le cas. Au Ghana, deuxième pays producteur mondial, 90% d’entre eux ne gagnent pas de revenu décent (Oxfam, 2023). Pendant ce temps, la richesse des familles Mars et Ferrero dépasse le PNB de la Côte d’Ivoire et du Ghana en 2024. Peut-on vraiment fêter la Résurrection, cette joie profonde de l’amour qui sauve, sans regarder ce qui se passe chez notre prochain-e ?
Une autre idée née de cette réflexion : a-t-on besoin d’autant de chocolat ? Nous avons l’habitude de l’abondance : chocolat dans les gâteaux, sur les tartines, dans les pains, etc. N’est-il pas temps de le remettre à sa juste place, celle d’un produit payé plus cher et dégusté moins souvent, mais avec davantage de conscience ? Cette valeur de la modération, de la sobriété volontaire est déjà présente aux Fraternités.
Certes, la chasse aux oeufs aux Fraternités est une tradition, mais la tradition peut évoluer.
Cette année, nous allons donc :
- Acheter du chocolat plus éthique, auprès de fabricant-es qui emploient du chocolat dont le cacao a été payé à un prix plus juste, avec moins d’intermédiaires, qui respecte l’environnement (pas de déforestation) et l’humain. Il en existe : Ethiquable, Belvas, Nao et pour les plus gourmand-es, tous ceux produits de la fève à la tablette dont ce lien donne la liste.
- Faire des oeufs autrement : remettre au goût du jour les oeufs en papier, les oeufs peints, etc.
Pour que notre chasse aux oeufs soit joie pour tout le monde, du proche au prochain.
Céline Francis